Dans les Alpes néo-zélandaises, un perroquet audacieux défie le froid et les vents. Le kéa (Nestor notabilis), endémique de l’île du Sud, intrigue les scientifiques et captive les voyageurs. Mais derrière ses couleurs discrètes et son espièglerie se cache une espèce vulnérable, symbole fragile d’un écosystème alpin unique.
Article de Damien Lafon et Photographies de Svetlana Markoff

Kea perroquet : un habitant des cimes glacées
De nos jours, les crêtes abruptes s’élèvent dans un ciel changeant, parfois tranché par des rafales glacées. Au-dessus de 1 600 mètres, un éclat de vert olive se détache sur un rocher sombre. Un kéa atterrit, son bec recourbé inspectant minutieusement les environs. Seul perroquet au monde capable de vivre en haute montagne, il s’adapte à un climat extrême. Ici, l’hiver peut durer huit mois et les ressources sont imprévisibles. Pour survivre, il mise sur son intelligence et une curiosité permanente. La présence du kéa fait désormais partie intégrante du paysage alpin néo-zélandais. Chaque rencontre avec cet oiseau rappelle la richesse fragile des écosystèmes isolés.
Intelligence et curiosité comme armes de survie
Le kéa perroquet est classé parmi les oiseaux les plus intelligents de la planète. Il manipule, teste et détourne des objets pour explorer ou obtenir de la nourriture. Dans les zones touristiques, il ouvre des sacs, dévisse des fixations et tire sur des joints de voiture. Ces comportements, souvent amusants pour les visiteurs, peuvent causer de réels dégâts matériels. Pourtant, cette audace n’est pas un simple caprice. Elle reflète une stratégie adaptative face aux défis d’un environnement hostile. Plus un kéa découvre, plus il augmente ses chances de survivre aux saisons les plus rudes.
Le saviez-vous ?
Le kéa coopère avec d’autres individus pour résoudre des problèmes complexes, un comportement rare chez les oiseaux sauvages.

Vie sociale et apprentissage collectif
Loin d’être un solitaire, le kéa perroquet vit en groupes soudés. Ces structures sociales favorisent la communication et la coopération. Les cris varient selon les situations : alarme, appel au jeu, coordination des déplacements. Les jeunes apprennent en imitant les plus âgés, observant chaque geste avec attention. Les moments de jeu ne sont pas anodins. Ils renforcent les liens et développent l’agilité physique et mentale. Dans un milieu où chaque ressource compte, la cohésion est un atout décisif. Ce système social complexe intrigue les biologistes, qui y voient un facteur clé de résilience.
Kea perroquet et alimentation : un régime opportuniste
Le kéa est un omnivore accompli. Son régime inclut racines, baies, feuilles, insectes, larves et carcasses d’animaux. En hiver, il s’approche parfois des zones habitées pour trouver des compléments alimentaires. Historiquement, certains kéas attaquaient les moutons pour leur graisse dorsale. Ce comportement, aujourd’hui marginal, a suffi à ternir sa réputation pendant des décennies. Pourtant, cette flexibilité alimentaire reflète une capacité d’adaptation essentielle. Dans les Alpes néo-zélandaises, savoir varier ses sources de nourriture est une question de survie.
Un passé de persécution
Pendant plus d’un siècle, le kéa perroquet a été considéré comme nuisible. Une prime récompensait chaque oiseau abattu. Les archives estiment que plus de 150 000 individus ont été tués avant 1970. Ce n’est qu’à cette date que la loi néo-zélandaise a offert une protection totale à l’espèce. Cependant, mais cette mesure est arrivée tard, laissant une population déjà fragilisée. Aujourd’hui, le kéa reste classé vulnérable par l’UICN. Il affronte encore de nombreuses menaces : prédateurs introduits, collisions routières, intoxication au plomb.
Le saviez-vous ?
Le plumage rouge vif sous les ailes n’apparaît qu’en vol, comme un éclat secret dans le ciel alpin.
Conservation et observation du kea perroquet
Des programmes de conservation se déploient dans plusieurs parcs nationaux. Ils combinent surveillance des nids, piégeage des prédateurs et sensibilisation des visiteurs. Les voyageurs peuvent observer le kéa à Arthur’s Pass, au Mont Cook ou dans le Fiordland. Ces rencontres offrent des opportunités uniques d’observer son comportement joueur. Cependant, interagir avec lui demande prudence.
Ne pas le nourrir et ranger soigneusement ses affaires protègent à la fois l’oiseau et les voyageurs. En effet, protéger le kéa, c’est aussi préserver un symbole de la biodiversité néo-zélandaise. Dans le vent des montagnes, sa silhouette rappelle que la curiosité est parfois une clé de survie.
Suivez-nous sur Instagram et Facebook pour rester informé et soutenez notre média via www.helloasso.com
Cet article peut vous intéresser : Le Martin-Pêcheur d’Europe : éclat bleu sur les rivières sauvages