Le chêne-liège et ses forêts couvrent environ 23 % des surfaces boisées du Portugal, notamment en Alentejo et en Algarve. En effet, ces suberaies résultent d’une gestion humaine, mais elles jouent un rôle essentiel pour la biodiversité mondiale. De plus, elles offrent une ressource précieuse et un écosystème unique. Ainsi, leur découverte permet de mieux comprendre leur importance écologique et économique.
Article et photographies de Guillaume Penaud édité par Julien Clozeau.

Le chêne-liège : un trésor végétal du Portugal
Le chêne-liège (Quercus suber) est un arbre à feuilles persistantes de la famille des Fagaceae. De taille moyenne, il peut atteindre 20 mètres de hauteur et vivre jusqu’à 300 ans. Aussi appelé surier, suve ou corsier, il pousse en France et en Italie. Cependant, il se trouve en plus grande concentration sur la péninsule Ibérique. En Espagne, son aire de répartition s’étend de la Catalogne aux îles Baléares, puis se concentre au centre et au sud du Portugal.
Le Portugal, premier producteur mondial de liège, exploite cette ressource naturelle depuis des siècles. Cependant, il veille à l’étudier et à la préserver. En effet, ce pays abrite les plus grandes suberaies et protège l’espèce depuis 1209 grâce à une loi interdisant son abattage. Ainsi, un chêne-liège ne peut être coupé que pour des raisons phytosanitaires et avec l’accord des autorités compétentes.
Le saviez-vous ?
Près d’un tiers de la superficie totale des chênes-lièges de la planète, estimée à 2 150 000 hectares, se trouve au Portugal. De fait, le pays produit quasiment la moitié des 310 000 tonnes de liège récolté dans le monde.

Le chêne-liège du Portugal et la loi des 9 ans
Le liège possède des caractéristiques uniques que l’homme a rapidement identifiées. Sa légèreté, son élasticité et son imperméabilité aux gaz et aux liquides le rendent précieux. De plus, il offre d’excellentes capacités d’isolation thermique et acoustique. Il se distingue aussi par sa combustion lente ainsi que par ses propriétés antistatiques et antiallergéniques. Ainsi, il n’est pas surprenant que l’homme ait cherché à exploiter cette ressource et à en tirer profit.
Au Portugal, l’exploitation du chêne-liège débute lorsque l’arbre atteint 25 à 30 ans. Ce premier écorçage permet d’extraire le liège vierge ou liège-mâle, une matière dure et irrégulière. En raison de sa structure, il est principalement utilisé comme isolant ou revêtement de sol. Neuf ans plus tard, le second écorçage, appelé secundeira, fournit un liège de qualité moyenne, aussi nommé liège de première reproduction. Après neuf années supplémentaires, le troisième écorçage permet d’obtenir le liège noir ou amadia. À ce stade, le surier a 43 ans et produit enfin le liège de reproduction, idéal pour fabriquer des bouchons.
Dès lors, tous les neuf ans, le surier génère une matière de première qualité pendant près de deux siècles. Si l’écorçage est réalisé correctement, il peut être répété jusqu’à 17 fois.
Le saviez-vous ?
1,2 milliards d’euros, c’est la somme record rapportée en 2023 par les exportations de liège au Portugal. 75 % de ce montant provient de la production de bouchons. On estime qu’une bouteille de vin sur trois dans le monde est fermée avec un bouchon de fabrication portugaise.

Les chênes-lièges du Portugal, réservoirs de biodiversité et puits de carbone
Avec une couverture de 8 % du territoire, les forêts de chênes-lièges du Portugal offrent un refuge essentiel à de nombreuses espèces. En tout, ces bois abritent 135 variétés de plantes, 24 espèces de reptiles et amphibiens, 37 mammifères et 160 oiseaux. De plus, la plupart sont endémiques de la région. Ainsi, ces espaces forestiers présentent le niveau de biodiversité le plus élevé d’Europe.
Par ailleurs, avec 736 000 hectares de chênes-lièges, les suberaies du Portugal jouent un rôle clé dans le stockage du carbone. Elles forment un rempart naturel contre les émissions de gaz à effet de serre. António Ríos Amorim, PDG d’AMORIM, leader portugais du liège avec 35 % de la production mondiale, explique que chaque kilo de liège stocke 73 kg de CO₂. De plus, un bouchon en liège capte 400 g de CO₂, compensant ainsi les émissions liées à la production d’une bouteille en verre.
Ces données sur la biodiversité et le CO₂ absorbé soulignent l’importance écologique et le rôle essentiel de ces forêts.
Le saviez-vous ?
Avec le bassin amazonien et les savanes africaines, les forêts de chênes liège du Portugal sont un des plus grands réservoirs de biodiversité de la planète.

Le chêne-liège du Portugal au coeur des enjeux climatiques
Il existe deux grands types d’exploitations : les Montados, qui associent élevage et production de liège, et les plantations plus récentes, organisées en forêts denses. Ces dernières offrent de nombreuses niches écologiques. Ensemble, ces deux modèles jouent un rôle clé dans la séquestration du carbone et la préservation des écosystèmes. De plus, ils contribuent à protéger les sols en limitant l’érosion et la désertification dans les zones touchées par la sécheresse.
Par ailleurs, grâce à son écorce épaisse, le chêne-liège confère à ces forêts une grande résilience face aux incendies. Cet atout est d’autant plus précieux dans un contexte où les feux de forêt s’intensifient en raison du changement climatique.
L’Institut supérieur d’agronomie de Lisbonne, via son département d’études forestières, accompagne les agriculteurs pour préserver ces forêts et assurer la viabilité des exploitations. Ses recherches permettent de mieux comprendre les dynamiques écologiques des suberaies et d’optimiser les pratiques de gestion. En proposant des outils et des connaissances adaptées, l’institut encourage une exploitation durable qui équilibre production de liège et protection environnementale.
Bien que façonnées par l’Homme, les suberaies ne se limitent pas à une exploitation économique. Elles jouent un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique. De plus, elles abritent une biodiversité unique et offrent un soutien essentiel aux agriculteurs locaux.


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