Le kiwi est un oiseau emblématique de la Nouvelle-Zélande. Endémique à l’archipel, il incarne l’identité culturelle du pays, au point que les Néo-Zélandais eux-mêmes sont parfois surnommés « Kiwis ». Son apparence singulière et son mode de vie nocturne le distinguent des autres oiseaux. Malgré son absence d’ailes fonctionnelles, il a su s’adapter à son environnement insulaire. Aujourd’hui, il fait face à de nombreuses menaces, sa conservation est un enjeu majeur pour la biodiversité néo-zélandaise.
Article et photographies de Svetlana Markoff / Edité par Damien Lafon.

Le kiwi un Oiseau Terrestre Sans Ailes
Le kiwi appartient à la famille des ratites, un groupe d’oiseaux incapables de voler qui comprend l’émeu et l’autruche. Contrairement à ses cousins de plus grande taille, il est de petite stature, mesurant entre 25 et 45 cm selon les espèces. Son plumage fin et brunâtre ressemble davantage à des poils qu’à des plumes, une particularité qui lui permet de se camoufler dans la végétation dense.
Ses ailes sont atrophiées et dissimulées sous son pelage, ne lui offrant aucune capacité de vol. En revanche, il possède des pattes robustes qui constituent près d’un tiers de son poids. Ces dernières lui permettent de se déplacer rapidement dans la forêt et de creuser des terriers où il passe la journée à l’abri des prédateurs.
Un Habitat Restreint et Fragile
Historiquement, le kiwi occupait la quasi-totalité de la Nouvelle-Zélande, des plaines côtières aux forêts denses de montagne. Cependant, la déforestation et l’introduction de mammifères prédateurs ont drastiquement réduit son aire de répartition. Aujourd’hui, on le retrouve principalement dans les forêts humides, les zones boisées et certaines îles protégées.
La Nouvelle-Zélande compte cinq espèces de kiwis :
- Le kiwi brun (Apteryx mantelli), le plus répandu, présent sur l’île du Nord.
- Le kiwi roa (Apteryx haastii), ou grand kiwi tacheté, le plus grand du groupe, vivant dans les montagnes de l’île du Sud.
- Le kiwi d’Okarito (Apteryx rowi), une espèce rare vivant dans une zone restreinte de la côte ouest de l’île du Sud.
- Le kiwi tacheté (Apteryx owenii), le plus petit, désormais confiné à quelques îles protégées.
- Le kiwi de Mantell (Apteryx australis), autrefois répandu mais aujourd’hui en forte régression.
Le saviez-vous ?
Le kiwi possède les plus grandes narines proportionnellement à son bec parmi tous les oiseaux. Il les utilise pour repérer ses proies grâce à son odorat développé, une caractéristique rare dans le règne aviaire.


Un Mode de Vie Nocturne et Solitaire
Le kiwi est principalement actif la nuit. Son comportement discret lui permet d’échapper aux prédateurs introduits par l’homme, tels que les furets et les chats sauvages. Il passe ses journées caché dans des terriers qu’il creuse avec ses puissantes pattes, puis sort à la tombée de la nuit pour se nourrir.
Son régime alimentaire est constitué d’insectes, de vers de terre et de petits invertébrés qu’il détecte grâce à son odorat aiguisé. Son bec long et flexible lui permet d’explorer le sol à la recherche de nourriture. Il complète son alimentation avec des fruits et des baies tombées au sol.
Une Reproduction Particulière
Le kiwi se distingue par une reproduction unique parmi les oiseaux. La femelle pond un à deux œufs par an selon l’espèce, comme le kiwi brun. À l’inverse, le kiwi Rowi, qui est un reproducteur lent, ne pond normalement qu’un seul œuf.
Cet œuf est exceptionnellement gros par rapport à la taille de l’oiseau : il peut peser jusqu’à 20 % du poids de la mère. Selon l’espèce, ce sont les mâles qui assurent l’incubation, comme chez le kiwi brun. Pour d’autres espèces, les deux parents se partagent la couvaison. Toutefois, le mâle est plus présent, surtout la nuit. L’incubation dure entre 70 et 80 jours.
Des Menaces Croissantes
L’introduction de mammifères prédateurs, comme les rats, les hermines et les chiens, constitue la principale menace pour la survie du kiwi. Contrairement aux oiseaux indigènes, le kiwi n’a pas développé de stratégies de défense face à ces nouveaux prédateurs.
La perte de son habitat due à la déforestation et à l’urbanisation aggrave la situation. Moins de 5 % des jeunes kiwis atteignent l’âge adulte dans la nature. Des programmes de conservation tentent d’inverser cette tendance en mettant en place des zones protégées et des initiatives de reproduction en captivité, comme le projet Nest Egg, lancé en 1995.
Cette initiative consiste à récupérer les œufs après les 25 premiers jours d’incubation, directement dans les terriers des kiwis, afin de maximiser leurs chances de survie. Les nouveau-nés sont accompagnés de l’éclosion jusqu’à atteindre une taille suffisante pour échapper aux prédateurs. Ils sont ensuite remis en liberté à l’endroit où l’œuf a été récolté.
Autrefois abondant, le kiwi est aujourd’hui classé parmi les espèces en déclin et menacées. Certaines populations sont en augmentation, tandis que d’autres continuent de chuter.
Avant l’arrivée des colons, on estimait la population totale de kiwis à environ 10 millions d’individus. Aujourd’hui, toutes espèces confondues, il ne reste qu’environ 68 500 individus.
Estimations par espèce pour 2030
- Kiwi brun : 24 550 aujourd’hui → 32 081 (en augmentation).
- Kiwi tacheté : 14 800 aujourd’hui → 12 428 (en déclin).
- Kiwi petit tacheté : 1 800 aujourd’hui → 2 867 (en augmentation).
- Rowi : 500 aujourd’hui → 891 (en augmentation).
- Tokoeka : 25 900 aujourd’hui → 21 422 (en déclin).
Le saviez-vous ?
Les chiens domestiques représentent une menace importante pour les kiwis adultes. Un seul chien non dressé peut décimer une population locale en quelques jours.

Le Kiwi un Symbole à Protéger
Le kiwi joue un rôle crucial dans la culture néo-zélandaise. Il est représenté sur de nombreux emblèmes et apparaît dans les légendes maories. Malgré son statut emblématique, sa préservation reste un défi. Des efforts de conservation permettent d’espérer un avenir plus favorable, mais sa survie dépend largement de la gestion des espèces invasives et de la protection des forêts néo-zélandaises.
Dans ce combat pour la sauvegarde du kiwi, chaque initiative compte, de la création de sanctuaires à la sensibilisation du public. Ce discret habitant des forêts est plus qu’un simple oiseau : il est un symbole de l’équilibre fragile des écosystèmes insulaires.
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