Les Bidayuh, surnommés « le peuple des collines », représentent une communauté indigène emblématique de Malaisie, vivant dans les montagnes de l’ouest de Sarawak, sur l’île de Bornéo. Aujourd’hui, ils s’efforcent de préserver un riche patrimoine culturel tout en adoptant des évolutions contemporaines. Cette adaptation les place à la croisée de la tradition et de la modernité.
Article et photographies de Damien Lafon

Les Maisons Longues : Un Mode de Vie Communautaire
Les Bidayuh de Bornéo placent les maisons longues, ou longhouses, au cœur de leur culture et de leur mode de vie. Construites sur pilotis, ces immenses structures abritent plusieurs familles et reflètent leur mode de vie collectif. Chaque foyer dispose d’un espace privé, tandis que les galeries communes deviennent des lieux d’échange et de cérémonies. Cependant, même si certaines communautés adoptent des modes de vie plus modernes, ces habitations symbolisent toujours l’identité culturelle des Bidayuh. Qui plus est, elles servent de cadre aux festivités traditionnelles, comme le Gawai Dayak, célébrant la fin des récoltes.
Le saviez-vous ?
Les maisons longues peuvent s’étendre sur plus de 200 mètres, réunissant jusqu’à plusieurs dizaines de familles sous un même toit.
Un héritage guerrier : la chasse aux têtes
Autrefois, les Bidayuh pratiquaient la chasse aux têtes, un rituel guerrier chargé de significations spirituelles et agricoles. Cette tradition, essentielle à leur culture, symbolisait le courage et la force protectrice de la communauté. Ainsi, en ramenant une tête d’ennemi, les guerriers assuraient la fertilité des terres, la prospérité des récoltes et la protection spirituelle du village.
Par ailleurs, ces trophées étaient conservés dans les maisons longues et jouaient un rôle central lors des cérémonies rituelles. Cependant, cette pratique a disparu avec l’arrivée des missionnaires et des autorités coloniales, marquant un tournant important dans l’histoire des Bidayuh, tout en laissant un héritage culturel fascinant.

Le saviez-vous ?
La chasse aux têtes était un moyen de garantir la protection spirituelle du village, en capturant l’essence de l’ennemi pour la communauté.
Croyances spirituelles : entre animisme et christianisme
Les Bidayuh ont longtemps pratiqué l’animisme, une croyance selon laquelle chaque élément de la nature abrite des esprits qu’il faut honorer. En effet, les rituels tiennent une place importante pour maintenir l’équilibre entre les hommes et ces esprits, garantissant ainsi de bonnes récoltes et la protection du village. Cependant, bien que la majorité des Bidayuh soient aujourd’hui chrétiens, de nombreuses traditions animistes perdurent. Notamment, ces pratiques réapparaissent lors des grandes fêtes agricoles, comme le Gawai, qui célèbre la fin des récoltes et honore les ancêtres.
Le saviez-vous ?
Le Gawai Dayak, célébré chaque année en juin, marque la fin des récoltes et est l’occasion de festivités traditionnelles où les ancêtres sont honorés.
Les Bidayuh de Bornéo et la Diversité des Tribus de Sarawak
Bien que les Bidayuh soient un groupe indigène important de Sarawak, ils partagent l’île avec plusieurs autres peuples. En effet, chacun contribue à la diversité culturelle et au patrimoine de Bornéo, apportant des traditions spécifiques à la région. Parmi eux, les Iban, les Melanau et les Orang Ulu occupent une place significative dans la mosaïque culturelle de l’île.
- Les Iban : Le plus grand groupe indigène de Sarawak, représentant 30 % de la population de l’État. Connus pour leurs compétences en navigation fluviale et en agriculture, ils vivaient également dans des maisons longues et pratiquaient autrefois la chasse aux têtes. Leur art du tatouage et le tissage de pua kumbu sont des
symboles de leur identité culturelle. - Les Melanau, un peuple côtier représentant environ 6 % de la population de Sarawak, se distinguent par leurs maisons sur pilotis et leur culture du sago, un aliment essentiel de leur tradition. Autrefois, ils pratiquaient des croyances animistes étroitement liées à leur environnement marin. Bien que la majorité des Melanau soient devenus musulmans ou chrétiens, leurs racines animistes continuent d’influencer certaines de leurs pratiques.
- Les Orang Ulu, regroupent plusieurs petites tribus, dont les Kayan, Kenyah et Penan, vivant dans les terres hautes de Sarawak. Parmi eux, les Penan se distinguent par leur mode de vie semi-nomade en forêt tropicale et luttent pour préserver leur habitat. Les Orang Ulu sont connus pour leur musique traditionnelle, notamment le sape, un instrument à cordes emblématique de leur culture.

Le saviez-vous ?
Les Penan, dernier groupe nomade de Bornéo, continuent de lutter pour la protection de leur forêt contre la déforestation massive.
Bidayuh de Bornéo : Défis Contemporains et Préservation du Patrimoine
Comme d’autres peuples indigènes de Bornéo, les Bidayuh font face à des défis liés à l’urbanisation et à la modernisation rapide. La perte de terres au profit des plantations de palmiers à huile accentue ces pressions sur leur mode de vie. D’un autre côté, la migration des jeunes vers les villes accélère également l’érosion des traditions et des pratiques ancestrales. Cependant, diverses initiatives, notamment dans le domaine du tourisme culturel, s’efforcent de revitaliser la richesse de la culture Bidayuh.
Des projets permettent aux visiteurs de découvrir les maisons longues, de participer à des fêtes et d’explorer la culture Bidayuh. Grâce à ces initiatives, le patrimoine local est valorisé, favorisant ainsi la préservation des traditions et coutumes au sein des villages. De fait, ces projets génèrent des opportunités économiques, soutenant directement les communautés locales dans leur développement. En conséquence, le tourisme culturel s’impose aujourd’hui comme un levier clé pour revitaliser et pérenniser cette riche culture indigène.

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