Entre Bali et Nusa Penida, une petite île se distingue comme un véritable joyau de l’Indonésie. Réputée pour ses plages paradisiaques et ses eaux limpides, elle est également célèbre pour une activité emblématique : la culture d’algues à Lembongan. Alliant tradition et innovation, cette industrie soulève une question clé : peut-elle devenir un modèle de durabilité à l’échelle mondiale ?
Article & photographies de © Damien Lafon
Une Tradition Ancrée dans l’Histoire Locale
La culture d’algues à Lembongan remonte aux années 1980. Face aux faibles rendements de la pêche et de l’agriculture traditionnelle, les habitants se sont tournés vers la culture d’algues rouges, notamment les Eucheuma, pour répondre à la demande croissante de carraghénane, un gélifiant utilisé dans l’industrie alimentaire et cosmétique. Ce changement a non seulement transformé le paysage de l’île, mais aussi apporté une nouvelle stabilité économique à la population.
Des Techniques Écoresponsables
La culture des algues repose sur des méthodes simples et respectueuses de l’environnement. Les agriculteurs attachent les fragments d’algues à des cordes tendues dans des eaux peu profondes. Cette approche manuelle limite les impacts écologiques tout en assurant une croissance rapide grâce à des conditions idéales : eaux cristallines et courants modérés.
Des innovations récentes, comme les cordes biodégradables et les techniques de culture verticale, permettent d’augmenter les rendements tout en réduisant l’impact sur les écosystèmes marins. Ces solutions renforcent la viabilité de cette activité dans un contexte de sensibilisation accrue à la durabilité.
Le saviez-vous ?
Les algues rouges, comme celles cultivées à Lembongan, sont utilisées dans des produits de tous les jours, notamment les dentifrices, les glaces et même certains médicaments.
Une Industrie Économiquement Cruciale
Aujourd’hui, environ 85 % de la population de Lembongan dépend directement ou indirectement de l’algoculture. En moyenne, les algues sèches se vendent entre 0,60 et 1,20 USD par kilogramme, avec des revenus fluctuants en fonction des marchés mondiaux et des conditions climatiques. Les bénéfices générés soutiennent l’éducation, les soins de santé et d’autres infrastructures locales.
Malgré ces avantages, la dépendance à une ressource unique expose les communautés à des risques économiques. La diversification des produits dérivés, comme les bioplastiques ou les engrais naturels, pourrait réduire cette vulnérabilité.
Défis Écologiques : Entre Menaces et Solutions
Si l’algoculture est saluée pour son faible impact environnemental, elle n’est pas sans risques. Une surexploitation peut entraîner une dégradation des habitats marins et une baisse de la biodiversité. Les agriculteurs doivent gérer ces impacts en adoptant des pratiques comme la rotation des zones de culture et la restauration des récifs coralliens.
Par ailleurs, les algues jouent un rôle écologique essentiel en absorbant le dioxyde de carbone et en produisant de l’oxygène, contribuant à la santé des écosystèmes marins. Leur exploitation durable est donc cruciale pour préserver cet équilibre.
Un Modèle pour l’Avenir ?
La culture d’algues de Lembongan représente un exemple prometteur d’aquaculture durable. Les opportunités de diversification, combinées à l’essor de l’écotourisme, peuvent ouvrir de nouveaux marchés et renforcer l’économie locale. Les visiteurs, de plus en plus attirés par des expériences authentiques et respectueuses de l’environnement, pourraient contribuer à faire de Lembongan un modèle international de durabilité.
En mêlant traditions locales et innovations technologiques, cette activité dépasse le simple cadre économique. Elle reflète l’importance d’un équilibre entre exploitation et conservation, garantissant la pérennité des écosystèmes marins tout en soutenant les communautés locales. À travers des initiatives durables, Lembongan pourrait devenir une référence mondiale pour l’aquaculture de l’algue, prouvant qu’écologie et rentabilité peuvent aller de pair.
Le saviez-vous ?
Certaines espèces d’algues peuvent être utilisées pour fabriquer des biocarburants, offrant une alternative écologique aux combustibles fossiles.
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